Vers une économie démondialisée ?

En l’espace de cinq ans, l’économie mondiale s’est peu à peu déréglée au gré de nouvelles dynamiques. Celles-ci portent le sceau de Donald Trump, de la pandémie de Covid-19 ou encore de « l’opération spéciale » en Ukraine, avec comme corollaire, une tendance au protectionnisme, à la pénurie et à l’inflation. Doit-on pour autant interpréter ces signes comme le début d’une démondialisation ?

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Protectionnisme

L’élection de Donald Trump en 2016 a eu au moins un mérite : celui d’étaler au grand jour les divergences existant entre les États-Unis et la Chine en matière commerciale. La guerre économique qui a été déclarée ensuite – non sans un certain panache par le nouveau locataire de la Maison-Blanche – a pourtant eu des effets de bord en Occident. Dans ce cadre, la réactivation de la doctrine « America First » a exacerbé le réflexe protectionniste et avec lui, le rapatriement de moyens de production et de capitaux, au grand dam des alliés occidentaux des Américains.

Pénurie

Accélérateur du repli sur soi, la pandémie de Covid-19 aura également mis en évidence en 2020 les difficultés logistiques de notre économie globalisée. Quand les ports et les usines sont à l’arrêt, la pénurie apparaît à tous les échelons, notamment au niveau des produits de base. Ceci tend à remettre en question notre modèle de chaine de production mondialisé dans un contexte déjà tendu.

Guerre

Et voilà qu’en cette année 2022, la guerre s’invite sur le sol européen. Une éventualité à laquelle personne ne s’était véritablement préparé sur le Vieux Continent. À part les Russes évidemment, qui avaient déjà découplé leur économie de celle de l’Occident en se tournant vers l’Asie après l’annexion de la Crimée en 2014. Pour les Américains, l’impact est moindre puisqu’ils sont énergétiquement indépendants.

Dans ce contexte, les sanctions imposées par l’Occident aux Russes n’ont eu d’autres effets que d’alimenter encore plus les frictions économiques en lien avec le protectionnisme américain et la pénurie due à la pandémie. Et cela, sans pour autant mettre l’économie russe à genoux. En ayant diversifié les débouchés de ses produits énergétiques, la Russie peut continuer à les vendre en contournant notamment les sanctions via la Chine et l’Inde. Un cas de figure surveillé de près par la Chine, qui pourrait bien se retrouver dans la même situation si elle passait à l’acte avec Taïwan. Pendant ce temps, le prix des matières premières, des biens et des services explose, alimentant encore plus l’inflation.

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Inflation

À l’heure actuelle, les conséquences économiques du Covid-19 se font sentir. Les gouvernements qui avaient porté à bout de bras leur économie nationale pour faire face à une situation inédite reçoivent désormais les premières factures. S’ajoutent à cela des problèmes d’approvisionnement et une impression massive de monnaie qui accélèrent encore la montée de l’inflation. Du jamais vu depuis plus d’une génération !

Karlo Otto Pöhl, Président de la Bundesbank en 1980, disait : « l’inflation, c’est comme la pâte dentifrice, une fois qu’elle est sortie du tube, il est impossible de l’y faire rentrer ; ainsi, il vaut mieux ne pas appuyer trop fort sur le tube ». Soulignons toutefois que cette inflation est de nature structurelle, c’est-à-dire liée à l’offre et non à une trop forte demande. Dans ce contexte, les banques centrales qui ont tardé à remonter leurs taux d’intérêt apportent-elles la bonne réponse ? Rien n’est moins sûr. En effet, les taux d’intérêt ne peuvent régler des problèmes structurels qu’à un coût énorme pour l’économie.

Les années à venir

Protectionnisme, pénurie, guerre, inflation, autant d’éléments qui poussent à la « déglobalisation ». Une tendance qui devrait se poursuivre si aucune amélioration de la situation n’est observée à court terme. Et nous n’en prenons malheureusement pas le chemin. L’inflation va donc continuer à peser sur les bénéfices des entreprises et les ménages.

Quant aux deux super-puissances que sont les États-Unis et la Chine, elles devraient poursuivre leur affrontement au niveau économique et diplomatique avec, à la clé, une hausse de défiance généralisée. Une nouvelle donne qui va inévitablement perturber le développement commercial des multinationales.

Tony Pangallo, CFA, CAIA

Partner & Senior Financial Advisor

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